Aujourd’hui, je voulais vous parler de votre relation à l’échec. Car nous ne l’appréhendons pas tous de la même façon, et pourtant, dans un cadre Agile, il est important de se poser la question. En effet, l’agilité demande de savoir s’adapter au changement et d’apprendre en permanence de ses erreurs, pour pouvoir créer un produit de valeur pour les clients. Un leader Agile doit donc savoir développer et démontrer ce que l’on appelle un état d’esprit de croissance, c’est à dire, sa capacité à continuer à apprendre en continu, et aider ses équipes dans ce sens aussi.
Or l’échec peut faire peur. Cette semaine, je vous donne donc des clés pour vous aider à mieux appréhender l’échec. Let’s go !
Les différentes facettes de l’échec
Comment définissez-vous un échec ? Comment le ressentez-vous ?
Un échec est un résultat négatif, par rapport à une tentative, quelle qu’elle soit : essayer de construire quelque chose, de solutionner un problème, de lancer un nouveau produit… Un échec doit pouvoir se mesurer, par rapport à un objectif que vous vous êtes fixé, même informellement. En soit, l’échec n’a pas d’émotion, de sentiment. C’est juste un état x, qui diffère d’un état souhaité y, que l’on n’a pas atteint cette fois-ci.
Les difficultés à surmonter un échec se situent dans l’interprétation que nous en faisons. Cette interprétation a d’ailleurs été construite sur la base de la façon dont nous avons été élevé et éduqué, et forgé par nos diverses expériences de vie.
Certaines cultures vont ainsi regarder l’échec comme quelque chose de négatif. Des échecs auront pu être punis ou blâmés lors de l’enfance ou l’adolescence. D’autres cultures pourront donner une lecture plus positive de l’échec, et le voir comme une source d’apprentissage et un tremplin pour progresser.
Vous l’avez compris, si vous vous sentez anxieu.se à l’idée d’échouer, cela vient probablement de ces constructions mentales que vous transportez avec vous, depuis longtemps. Si vous en avez pris conscience et que vous réalisez que ça ne vous aide pas beaucoup dans votre leadership et dans votre carrière, il est temps de regarder comment surmonter tout ça.
“Le succès c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme.”
Winston Churchill
Comment passer de la peur à l’élan
Si vous avez peur de l’échec, je vous invite tout d’abord à en prendre pleinement conscience : l’admettre pour vous-même. Vous n’avez pas nécessairement besoin de le reconnaître dès à présent en face des autres – surtout si ça vous met mal-à-l’aise ! Dites-le vous déjà à vous-même, sans vous le reprocher.
Identifier les pensées que vous pouvez avoir par rapport à l’échec :
- quand je pense à cet échec, qu’elle est l’histoire que je me raconte ?
- quel est le problème avec le fait d’échouer ?
- de quoi ai-je peur à cause de l’échec ?
Comment ces pensées vous font-elles alors ressentir ? De l’anxiété ? Une peur profonde ? Du doute peut-être ?
J’ai longtemps eu le syndrome de la bonne élève : il fallait que je fasse tout bien. J’avais peur qu’on “me gronde”. Le problème de penser ça, me faisait ressentir des tas d’émotions négatives. Toute erreur était source de honte. J’avais alors envie de cacher les choses, plutôt que d’y faire face. Je m’enfermais dans le silence, je me renfermais sur moi-même, je m’arrêtais de persévérer dans mes entreprises.
J’étais dans l’inaction complète et résultat : je n’avançais pas. Et bien sûr, je continuais à me le reprocher et à auto-saboter mes essais. J’étais prise dans une spirale négative et inactive.
Grâce aux outils de coaching, j’ai pu me sortir de ce syndrome et développer un état d’esprit de croissance, qui m’a permis de considérer ces échecs autrement.
Plutôt que de penser que j’allais être punie – d’une façon ou d’une autre – j’ai petit à petit transformé ma façon de penser en quelque chose de plus positif. Je me suis inspirée du parcours de personnes qui ont su échouer (et qui continuent à échouer). L’un des exemples les plus connu étant Thomas Edison, qui aurait construit 1000 concepts d’ampoules avant d’arriver à trouver le bon. De façon plus contemporaine (et malgré les controverses), Elon Musk est un entrepreneur en série qui a, lui-aussi, subit de nombreux échecs, avant de réussir plusieurs de ses entreprises.
Face à l’échec, il s’agit donc de trouver les pensées qui vous amèneront à raconter votre histoire différemment :
- comment cet échec peut-être une opportunité pour vous ?
- qu’apprenez-vous de cet échec ?
- en quoi cet échec vous rapproche-t-il de la réussite ?
- et si cet échec était nécessaire pour progresser, que ce passe-t-il pour vous ?
Me dire qu’un échec ou une erreur sont des apprentissages, me permettent de me projeter vers la suite. Je me sens plus forte sur mes appuis. Je ressens l’envie de continuer malgré tout. Petit à petit, j’apprends à apprécier les leçons et à trouver d’autres façons de faire, qui me rapprochent de mon objectif. Je trouve dans ces pensées, l’élan d’agir.
Cette prise de conscience sur votre état d’esprit et votre désir de progresser vous permettront de changer. Dans la prochaine partie, je vous donne des clés pour passer concrètement de la peur à l’action.
6 outils concrets pour faire de l’échec un atout
1. Développez la prise de conscience et l’acceptation
La première étape de tout changement passe par la prise de conscience et l’acceptation de ce qui est, pour vous, actuellement.
Après un échec, prenez une feuille de papier et un stylo et écrivez tout ce qui vous passe par la tête, par rapport à ça. Vous pouvez vous poser les questions mentionnées plus haut : quand je pense à cet échec, qu’elle est l’histoire que je me raconte ?
Mettez des mots sur les émotions qui vous traversent également. Observez ce qui se passe en vous. Reconnaissez ces émotions et ces pensées. Acceptez-les comme elles sont, sans les juger. Vous êtes humain.e, ce sont des réactions tout à fait OK.
Faites-vous aider par un coach si ce processus vous paraît difficile à faire seul.e.
2. Changez vos pensées
La seconde étape est de changer d’angle de vue sur les échecs, et de pratiquer ces nouveaux points de vue le plus possible : le cerveau humain est plastique et la répétition fixe la notion.
Vous pouvez là-encore vous poser les questions listées plus haut, pour explorer les possibilités :
comment cet échec peut-être une opportunité pour vous ?
- qu’apprenez-vous de cet échec ?
- en quoi cet échec vous rapproche-t-il de la réussite ?
- et si cet échec était nécessaire pour progresser, que ce passe-t-il pour vous ?
L’important, c’est que ces nouveaux points de vue soient OK pour vous.
Un exercice que vous pouvez faire, si c’est juste pour vous, est d’écrire une pensée qui vous dessert vis-à-vis de l’échec et de la barrer, puis d’écrire de nouvelles pensées aidantes, et de les barrer jusqu’à en trouver une qui vous va vraiment. Vous pourrez ensuite vous l’écrire sur un post-it et vous la répéter le plus souvent possible dans la journée.
3. Prenez de petits risques
Pour aller de l’avant, vous pouvez également prendre de petites actions, ce qui vous permettra de réduire le risque que vous prenez. C’est pour cette raison, notamment que l’agilité invite à déployer des solutions en petits incréments, le plus fréquemment possible aux utilisateurs : c’est pour que le risque lié à l’échec ou aux erreurs soit le plus minime possible.
Si votre équipe crée une application mobile, vous allez commencer par un produit minimum utilisable : une simple fonctionnalité, qui permettra de valider les hypothèses de l’équipe, face au problème des utilisateurs. Ainsi, si la fonctionnalité ne donne pas satisfaction, vous n’aurez pas dépensé des sommes considérables, ni un temps fou, pour vous en apercevoir. Il sera encore temps de développer une autre fonctionnalité, sur la base des retours obtenus, ce qui vous rapprochera, vous et votre équipe, de votre objectif.
4. Inspectez et adaptez
Puisque l’échec doit devenir quelque chose d’utile, il est crucial de regarder ce qui se passe de façon régulière, et d’adapter les décisions et les développements, en fonction de ces observations. Avec votre équipe, mettez en place des outils de mesure, pour identifier ce qui fonctionne ou pas, et regardez ces mesures régulièrement. Ces mesures doivent vous permettre d’avoir une vue factuelle sur les choses, et vous aider à prendre des décisions.
Comme y invite le Lean Startup développé par Eric Ries, l’idée est de pouvoir pivoter (changer de décision) grâce aux données recueillies. Ce mécanisme fonctionne non seulement pour les produits que vous pouvez concevoir, mais aussi pour créer des équipes soudées et des méthodes de travail performantes.
5. Concentrez-vous sur le progrès, pas sur le résultat
Une autre clé, est de se concentrer sur la progression vers un objectif, plutôt que sur le résultat lui-même. A partir du moment où vous avez un objectif, pour vous ou pour votre équipes, mesurez l’avancement. Ainsi, si des échecs ou des obstacles surviennent, il vous faudra vous concentrer sur les solutions pour vous sortir de ces moments. Il vaut mieux progresser de 1% chaque jour, de façon continue, que de rester bloqués sur des erreurs pendant des jours et des semaines.
Demandez-vous :
- de quoi ai-je besoin pour continuer à progresser vers mon objectif ?
- que puis-je essayer d’autre ?
6. Célébrez les réussites et les échecs
Enfin, apprenez à célébrer les réussites comme les échecs. Après le wall of fame, place au wall of fail. Ou peut-être allez-vous adopter les deux avec votre équipe ! Félicitez les actions qui vous permettent d’avancer, d’apprendre, de devenir une meilleure personne ou une meilleure équipe. Célébrez ce qui permet de créer de la valeur pour les utilisateurs, pour l’équipe, pour vous-même.
Trouvez un mantra qui vous guide.
Vous l’avez compris, faire de ses échecs des opportunités est un process en lui-même. Mais vous avez la capacité et toutes les cartes en main pour le faire. Concentrez-vous que ce qui est en votre contrôle (vos pensées notamment) pour vous faire avancer dans cette direction. Il ne s’agit pas juste de dire “on a tous droit à l’échec” mais bien d’en prendre la pleine responsabilité et d’en faire quelque chose de positif, pour soi et pour les autres.